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Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/86

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la France, en duel au-dehors avec l’Europe, se débat dans l’intérieur avec les factions ; il cherche, il médite, il interroge sans cesse cette éternelle nature dont l’immuable grandeur se montre au-dessus des convulsions de l’histoire. S’il descend à nos luttes et aux événemens du jour, c’est pour sympathiser avec ce qui est grand, pour protéger ce qui est faible. Ami de tous les proscrits célèbres, il cache dans sa maison le poète Boucher, et conserve quelque temps cette tête qui devait, hélas ! tomber sur l’échafaud. Étienne Geoffroy n’en servit pas moins pour cela la Convention, qui l’avait élevé à la place de professeur-administrateur du Muséum : c’était en effet une manière de servir cette assemblée grande et terrible que d’honorer par ses lumières la nouvelle organisation de la science.

À la création primitive des professeurs du Muséum manquait un nom qui s’est fait connaître plus tard dans la science ; on devine que nous parlons de Cuvier. Une double gloire était réservée à M. Geoffroy, celle de briller par lui-même et celle de révéler au monde un génie qui s’exerçait alors dans la solitude. Dans le fond de la Normandie, au milieu d’une plaine ombragée de pommiers, s’élève un petit village qu’on nomme Fiquenville : c’est là que Cuvier, instituteur attaché à une famille du pays, passait le temps orageux de la révolution. Il mettait à profit le voisinage de la mer pour se livrer à l’anatomie de certains mollusques qui sont assez communs sur ces côtes. Le hasard ayant conduit, sous le titre de médecin des armées, un agronome de mérite dans les environs de