Aller au contenu

Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Fiquenville, Cuvier, qui était secrétaire d’une petite société savante, s’empresse à le connaître. Le jeune instituteur avait lu dans l’Encyclopédie méthodique quelques articles remarquables de M. Tessier : il le devine bientôt dans l’étranger qui cachait soigneusement son nom. Tessier, qui, ayant été revêtu du titre d’abbé, craignait les haines du moment contre son ancien état, s’alarme et demande grâce : Cuvier le rassure ; de bons rapports s’établissent entre eux. Cuvier communique alors à son ami quelques mémoires sur l’histoire naturelle, que celui-ci trouve fort de son goût : « J’ai découvert, écrit-il en style d’agriculteur à son collègue Parmentier, une perle dans le fumier de la Normandie. » Il en déclare autant à Lacépède, à Olivier, à de Grand-Maison, à Jussieu, à d’autres encore ; mais tout cela avançait peu les destinées du jeune naturaliste. Un seul s’intéressa à cette recommandation, ce fut M. Geoffroy ; il écrivit à Cuvier de lui envoyer quelques-uns de ses manuscrits ; frappé du tour élevé de ces travaux, qui n’étaient encore que des études, mais dans lesquels un œil exercé découvrait déjà les bases d’un esprit solide, il lui fit cette réponse : « Venez à Paris, venez jouer parmi nous le rôle d’un autre Linné, d’un autre législateur de l’histoire naturelle. »

On reconnaît dans cet élan d’enthousiasme le cœur noble et désintéressé du bon Geoffroy Saint-Hilaire ; il oblige un inconnu sans regarder ou plutôt en sachant que cet inconnu est un rival. Comment aussi ne pas rapprocher les deux sentences qui servent de point de départ à ces deux naturalistes célèbres ? Dau-