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Page:Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs.djvu/133

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dre d’une surabondance de raisonnemens qui fasse taire toutes réclamations ?

On ne peut nier l’affoiblissement des haines religieuses & nationales. Ils sont loin de nous, ces siecles où l’on croyoit faire une œuvre méritoire, en forçant les Juifs à se convertir. Quelle différence entre le regne de Louis XVI & celui de Dagobert I, de Léon l’Isaurien, qui leur laissoit l’option du baptême ou de la mort(1) ; Édit cruel qui dépouille l’homme de sa liberté sur un article auquel la politique n’a pas droit de toucher. Plus humain & plus sensé, Grégoire IX défendit, sous peine d’excommunication, de contraindre leur conscience, de troubler leurs fêtes, de violer leurs cimetieres, &c.(2). Nos tribunaux ont réprimé le zele indiscret qui enlevoit des enfans juifs impuberes, pour les faire Chrétiens. Les Pontifes eux-mêmes ont défendu d’envahir ainsi les droits de la paternité, & la constitution de Clément XIII, en 1764, ne faisoit que renouveller celle de Jules III, portée deux cent treize ans auparavant. Cependant actuellement encore notre langue a peu de termes qui affectent aussi diversement les esprits, que les mots tolérance & son composé ; tour-à-tour ils sont devenus le refrain de l’impiété qui vouloit accueillir jusqu’aux erreurs, & du zele sanguinaire qui vouloit proscrire même