Aller au contenu

Page:Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On trouve trop souvent des hommes de fer qui paraphrasent & profanent le terme de miséricorde ; ils ont la générosité de chérir les humains à deux mille ans ou deux mille lieues de distance ; leurs cœurs s’épanouissent en faveur des Ilotes & des Negres, tandis que le malheureux qu’ils rencontrent obtient à peine d’eux un regard de pitié. Et voilà à notre porte les rejettons de ce peuple antique, des freres désolés, à la vue desquels on ne peut se défendre d’un déchirement de cœur, qui, depuis quinze siecles, n’ont pas vu luire le bonheur sur leur tête ; ils n’ont trouvé auprès d’eux que des outrages & des tourmens, dans leur ame que des douleurs, dans leurs yeux que des larmes. S’ils ne sont point assez vertueux pour mériter des bienfaits, ils sont assez malheureux pour en recevoir, & quand même l’ingratitude dévoreroit la main de la bienfaisance, votre action porteroit encore avec elle sa récompense. Tant qu’ils seront esclaves de vos préjugés, & victimes de votre haine, ne vantez pas votre sensibilité. Dans leur avilissement actuel, ils sont plus à plaindre que coupables ; & telle est leur déplorable situation, que pour n’en être pas profondément affecté, il faut avoir oublié qu’ils sont hommes, ou avoir soi-même cessé de l’être.

Enfans de l’évangile, la religion que vous pro-