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Page:Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs.djvu/160

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ou prouvez-moi que l’État ne peut obliger ses sujets à l’acquisition des lumieres. Peut-être même le gouvernement pourroit-il utilement employer cette voie pour instyler dans les esprits & les cœurs des principes raisonnés sur toutes les branches des devoirs du citoyen ; mais qu’alors rien n’annonce les duretés ni la contrainte, nous ne voulons que des conférences aussi amicales que celles de Limborch & d’Orobio.

Ici revient la question s’il faut laisser aux Juifs leurs loix & leurs usages, question agitée tant de fois, & en dernier lieu débattue avec feu dans l’affaire du Juif Peixotto qui vouloit répudier sa femme(2). Si on leur permet d’être Juifs, disoit le défenseur du mari, il faut aussi leur permettre de vivre selon les loix des Juifs. Après avoir contracté des mariages suivant le rit mosaïque, ne pourroient-ils les rompre en vertu du même rit ? & si on leur défend le divorce, il faut aussi leur défendre tout ce qui est de la religion judaïque. Cette conséquence est très-fausse, & l’Avocat adverse (M. Target) répliquoit : Si on leur permet de vivre selon leurs loix, il leur sera donc également permis d’avoir plusieurs épouses, de lapider les femmes adulteres, & les filles qui, &c. Cette réponse paroît victorieuse, Peixotto perdit, & le mariage fut confirmé.