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Page:Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs.djvu/253

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l’enthousiasme des Juifs pour cette cité chérie qui étoit le centre de leur gouvernement religieux et politique.

« Sion, as-tu oublié tes malheureux enfans qui languissent dans l’esclavage ? As-tu effacé de ton souvenir les restes de ces troupeaux innocens qui jadis bondissoient dans tes paisibles prairies ? Es-tu insensible aux vœux qu’ils t’adressent de tous les lieux où l’impitoyable ravisseur les a dispersés ?

« Méprises-tu ceux d’un esclave qui ose espérer dans ses fers, dont l’abondance des larmes égale celle de la rosée qui fertilise le mont Hermon ? heureux encore s’il pouvoit les répandre sur tes collines abandonnées.

« Mais son espoir n’est pas encore anéanti ; à présent que je gémis sur ton sort, mes accens plaintifs ressemblent aux cris des oiseaux funebres. Une lueur d’espérance viendra-t-elle toucher mon imagination ? Mon ame sera l’instrument d’allégresse qui retentira de cantiques, d’actions de grâces.

« Béthel, (ah ! ce souvenir me déchire le cœur), ton sanctuaire où la Majesté divine éclatoit à tous les yeux, où les portes azurées du ciel ne se fermoient jamais,

« Où, un rayon de la gloire du Très-haut éclipsoit l’astre du jour, et les globes lumineux de la nuit.

« Que ne puis-je exhaler en soupirs, ce cœur opressé ! là, où ton esprit, grand Dieu ! se répandit sur les élus de ton peuple.

« Indignes mortels, ce lieu est saint, il est consacré au dominateur éternel du ciel et de la terre ; de vils et téméraires esclaves ont osé te souiller[1].

  1. C’est à Béthel que Jacob vit l’échelle mystérieuse ; c’est-là qu’il s’écria : Que ce lieu est terrible ! c’est ici la maison de Dieu, et la porte du ciel. Genes. ch. 28.