« Quelle autre, hélas ! puis-je goûter, tandis que je vois des chiens affamés se disputer les membres encore palpitans de tes héros !
« J’abhorre le jour, sa clarté m’est odieuse ; elle me découvre des corbeaux faisant un festin des cadavres de tes princes.
« Calice d’amertume, coupe funeste ! déja je régorge de ta liqueur affreuse — Ah ! laissez-moi respirer encore une fois, je veux me repaître de ce cruel spectacle.
« Encore une fois, je veux penser à toi, Oolia, à toi Oliba[1], — et puis je t’avale jusqu’à la lie.
« Sors de ta léthargie, reine des cités ! réveille-toi, Sion, vois l’amitié inviolable et tendre de tes fideles adorateurs !
« Ils gémissent de tes malheurs, ils saignent encore de tes plaies ; l’espérance de te revoir heureuse, est le seul lien qui les attache à la vie ; du fond de leurs cachots, leurs cœurs s’échappent vers toi ; quand ils fléchissent le genou devant l’Éternel, leurs têtes s’inclinent vers tes portes.
« Ô contrée céleste ! La superbe Babylone avec sa grandeur peut-elle s’égaler à toi ? Ses oracles imposteurs peuvent-ils être comparés à tes divins prophètes ?
« La pompe des idoles n’est qu’une vaine fumée, leur puissance est fragile comme elles ; la tienne, Ô ! Sion, durera toujours.
« Car le Dieu de l’univers se plaît à être adoré dans tes murs ; heureux celui qui sera compté parmi tes citoyens.
- ↑ Ce sont les noms de ces deux fameuses sœurs dont le prophète Ézéchiel (chapitre vingt-troisième) se sert pour désigner Samarie et Jérusalem.