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Page:Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs.djvu/89

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Allemagne. On laisse à penser si, avec de l’avidité pour le gain, une intelligence qui d’un coup-d’œil voyoit les profits à faire, de la facilité pour la correspondance entr’eux & leurs freres des autres pays, & des occasions pour faire valoir tous ces moyens, ils durent amasser des richesses. Leur histoire est intimement liée à celle du commerce, dont eux & Venise ont rétabli l’esprit en Europe. Leur génie calculateur fit naître l’art des finances, presqu’inconnu jusqu’alors, & bientôt la comptabilité passa totalement en leurs mains. Aussi furent-ils presque par-tout les seuls traitans, jusqu’à ce que la Lombardie vômit une nuée de frippons, qui, sous le nom de Caossins ou Corsins(1), vinrent partager les dépouilles des peuples, sur-tout en France & en Angleterre. Les Rois, armés de toute leur puissance, eurent peine à extirper cette vermine qui rongeoit leurs États. Les Corsins disparurent ; mais les Juifs, chassés tant de fois, eurent toujours le secret de rentrer. Pendant leur exil, ils avoient trouvé le moyen de retirer leurs effets, consignés entre les mains de leurs confidens, par des lettres secrettes, & conçues en peu de mots : ils faisoient valoir ces lettres par l’entremise des voyageurs & des Marchands étrangers. Delà naquirent les lettres de change, chose inconnue à l’ancienne jurisprudence grecque