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Page:Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs.djvu/92

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l’ont forcé à devenir commerçant. Une preuve sensible de cette vérité, c’est qu’il ne l’est que depuis la dispersion. On parle des flottes marchandes de Salomon, mais on ne peut en citer d’autres ; le génie d’un grand Prince les avoit créées, & l’on ne voit aucun de ses successeurs continuer son ouvrage. Il y eut toujours chez les Hébreux peu de circulation, peu d’échanges ; leur loi paroît presqu’opposée à l’esprit de commerce(6) ; & tant qu’ils eurent une forme de gouvernement borné à la culture d’un territoire fertile(7), ils négligerent le commerce, quoiqu’ils habitassent un pays maritime, & pourvu d’excellens ports.

Mais dans le moyen âge, la route du commerce étoit la seule qui leur fût ouverte pour parvenir à la fortune. Les uns ne pouvoient y entrer à raison de vieillesse ou de maladie, les autres ne pouvoient tous y marcher avec un certain éclat, parce qu’il faut pour cela des capitaux considérables, & un crédit qui tranquillise les créanciers ; ainsi la plupart étant bornés à un trafic du travail le plus vil, la nécessité les forçoit presque à suppléer par la fourberie au gain modique d’un gain subalterne, parce que, quand on a faim & soif, qu’on est destitué de tout secours, & qu’on entend retentir à ses oreilles les cris touchans d’une famille nombreuse qui implore des secours, il faut voler