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Page:Eugène Monseur - Le folklore wallon, 1892.djvu/20

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Ce n’est pas ici le lieu d’exposer toutes les raisons que l’on peut invoquer à l’appui de cette réforme. Qu’il me suffise de développer en quelques mots, pour ceus qui pourraient me trouver, ou trop hardi ou trop timide, les principes adoptés par la section belge de la Société de réforme orthographique qui vient de se fonder.

Nous croyons : 1o que la réforme est nécessaire ; 2o qu’elle doit être modérée ; 3o qu’elle est aisément réalisable.

La réforme est nécessaire, parce que notre manière d’écrire actuelle, vilaine bigarrure de notations contraires à toute philologie sérieuse, embarrasse tout le monde et fait perdre au moins deus ans de sa vie à tout enfant qui étudie notre langue. Rappelez-vous les lettres doubles sur lesquelles vous hésitez chaque jour et les ennuyeuses dictées qui vous ont inculqué, je ne dis pas la règle, mais le sot usage qui prescrit d’écrire landaus et je meus avec une s, mais chevaux et je veux avec une x.

Elle doit être modérée. L’idéal serait certainement de rendre le même son par le même signe ; mais cela est tout à fait irréalisable. Notre manière d’écrire est à ce point vicieuse qu’une réforme phonétique radicale rendrait notre langue complètement méconnaissable. Si, par exemple, pour rendre le son ke qui est actuellement noté de sept manières dans coq, qui, acquérir, choral, kilo, block, nous choissisions le k, nous devrions écrire : kok, ki, akérir, koral, kilo, blok, ce qui me plairait fort à moi, mais choquerait toutes les habitudes des yeus trop conservateurs. Or, tous les sons de la langue sont aussi mal notés que le son ke et si l’on voulait simplement généraliser l’emploi le plus logique de certaines lettres de notre alphabet, le public ne s’y retrouverait pas. Une tentative de réforme phonétique immédiate est donc impossible, sauf naturellement, ainsi qu’on l’a vu plus haut, pour des patois qui n’ont pas encore d’orthographe. Tout ce que nous