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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/283

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Antistrophe II.

Où prendras-tu l’audace de ton esprit, de tes mains et de ton cœur, contre tes enfants, et d’oser contre eux cette action horrible ? Comment, en jetant les yeux sur tes enfants, soutiendras-tu sans pleurer la vue de ce meurtre ? Non, tu ne pourras, d’un cœur implacable, souiller ta main meurtrière dans le sang de tes enfants prosternés suppliants à tes genoux !




IASÔN.

Je viens, demandé par toi ; et bien que tu sois irritée contre moi, cependant ma bienveillance ne te manquera pas. J’entendrai la nouvelle chose que tu veux de moi, femme.

MÈDÉIA.

Iasôn, je te prie de me pardonner les paroles que j’ai dites. Il est juste que tu supportes mes colères, car nous nous sommes rendu l’un à l’autre beaucoup de services. J’ai raisonné avec moi-même, et je me suis blâmée en ces termes : Malheureuse, pourquoi m’irriter comme une insensée contre ceux qui me sont bienveillants, et me rendre l’ennemie des maîtres de cette terre et de mon mari qui fait une chose utile pour nous en épousant la jeune fille royale et en procréant des frères à mes fils ? Ne renoncerai-je pas à ma colère ? Pourquoi m’affliger, quand les Dieux sont favorables ? N’ai-je pas des enfants, et ne sais-je pas que nous sommes exilés de cette terre, et sans amis ? En agitant ces pensées dans mon esprit, j’ai reconnu que j’étais en proie à une grande démence et injustement irritée. Maintenant, donc, je t’approuve, et tu me sembles sage d’avoir accompli cette alliance pour nous. J’étais