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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/284

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insensée ! Il fallait m’associer à tes desseins, y aider, me tenir près du lit nuptial et servir ton épouse avec joie. Mais je ne veux pas mal parler de nous ; nous sommes telles que nous sommes, des femmes. Il ne convenait donc pas de te faire semblable aux méchants ni d’opposer la démence à la démence. J’avoue et je dis que je pensais mal alors ; mais j’envisage maintenant plus sagement les choses. Ô enfants, enfants ! venez, laissez les demeures, accourez, saluez votre père avec moi, parlez-lui et réconciliez-vous, n’ayant plus, ainsi que votre mère, de haine pour vos amis. La paix est entre nous, et la colère est apaisée. Prenez ma main droite. Hélas sur moi ! Que le souvenir de ce que je pense en secret me tourmente ! Ô fils, longtemps vivants encore, me tendrez-vous ainsi vos chers bras ? Malheureuse que je suis ! Je ruisselle de larmes et suis pleine de crainte. En renouant avec votre père, après une si longue querelle, j’inonde mon tendre visage de larmes.

LE CHŒUR.

Et mes larmes s’échappent aussi de mes paupières gonflées. Plaise aux Dieux qu’il n’arrive pas maintenant quelque plus grand malheur !

IASÔN.

Je te loue de ceci, femme, et ne te blâme point. Il est naturel qu’une femme ressente de la colère contre un mari qui accomplit de nouvelles noces ; mais ton cœur a changé en mieux, et tu as connu à la fin une meilleure pensée. Ceci est d’une femme prudente. Pour vous, enfants, votre père, avec l’aide des Dieux, et avec sollicitude, a tout préparé pour vous. Je pense, en effet, que vous serez un jour, sur la terre Korinthienne, les premiers