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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/285

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ainsi que vos frères. Croissez ! votre père et quelque Dieu bienveillant feront le reste. Que je vous voie, bien élevés, parvenir à la puberté et l’emporter sur mes ennemis ! Mais toi, pourquoi ces larmes coulent-elles de tes paupières gonflées ? Pourquoi, détournant tes pâles joues, n’accueilles-tu pas mes paroles avec joie ?

MÈDÉIA.

Ce n’est rien. Je songeais à ces enfants.

IASÔN.

Rassure-toi ! je pourvoirai à tout pour eux.

MÈDÉIA.

Je le ferai. Je ne doute nullement de tes paroles ; mais la nature de la femme est faible et facile aux larmes.

IASÔN.

Pourquoi donc, malheureuse, gémis-tu sur ces enfants ?

MÈDÉIA.

Je les ai enfantés, et quand tu leur souhaitais une heureuse vie, j’étais émue de pitié en songeant qu’il n’en serait rien peut-être. Mais je ne t’ai dit qu’une part des choses pour lesquelles j’ai voulu te parler. Je te dirai le reste. Puisqu’il plaît aux Rois de me chasser de cette terre, et qu’il est mieux pour moi, je le reconnais, de ne pas être un embarras à toi et aux maîtres de ce pays, si je l’habitais, car je passe pour être une ennemie de ta famille, je m’en irai d’ici en exil. Mais prie Kréôn que mes enfants soient élevés de ta main et ne soient point renvoyés de cette terre.