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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/603

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toi, si tu ne cèdes pas à mes paroles. Frère ! tu es un bien faible appui pour tes amis ; pleure cependant avec moi et demande, suppliant, à ton père, que ta sœur ne meure pas ! Il y a quelque sentiment des maux dans les petits enfants. Voici qu’il te supplie en silence, père ! Songe à moi, aie pitié de ma vie ! Oui ! nous deux qui te sommes chers, nous te supplions par tes joues, lui, encore petit enfant, et moi adolescente. Je résume tout en un mot, et je l’emporterai : il est très doux aux hommes de voir la lumière, mais les morts ne sont plus rien. Insensé qui désire mourir ! Il vaut mieux vivre misérablement que mourir glorieusement.

LE CHŒUR.

Ô funeste Hélénè ! à cause de toi et de tes noces, une grande discorde s’élève entre les Atréides et leurs enfants !

AGAMEMNÔN.

Je sais jusqu’où il faut montrer de la pitié, et où il faut en avoir moins. J’aime mes enfants ; autrement je serais insensé. Je suis cruellement affligé d’oser de telles choses, femme, et aussi de ne les point oser ; mais il faut que je les accomplisse ! Voyez combien est nombreuse cette armée navale, et combien de Rois des Hellènes armés d’airain. Il ne leur sera point donné d’arriver aux tours d’Ilios, si je ne te sacrifie, ainsi que l’a dit le divinateur Kalkhas, et il ne leur sera point permis de renverser les illustres demeures de Troia. Un désir furieux entraîne l’armée des Hellènes à naviguer très rapidement vers la terre des Barbares, pour empêcher le rapt des femmes Hellèniques. Ils tueront dans Argos mes filles, vous et