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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/604

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moi, si je n’accomplis pas l’oracle de la Déesse. Ce n’est point, fille, Ménélaos qui me contraint ; je ne lui obéis pas ; mais c’est la Hellas à qui, que je le veuille ou non, il faut que je te sacrifie. En cela nous sommes impuissants. Il faut, ma fille, que la Hellas soit libre, par toi et par moi, et que les Hellènes ne soient plus dépouillés de leurs femmes par les Barbares.




KLYTAIMNESTRA.

Ô fille ! Ô étrangères ! Que je suis malheureuse à cause de ta mort ! Ton père te fuit et te livre au Hadès !

IPHIGÉNÉIA.

Hélas ! mère, mère ! Le même chant funèbre convient à nos deux fortunes. Ni la lumière, ni la splendeur de Hèlios ne seront plus pour moi. Hélas ! hélas ! forêts neigeuses des Phryges et montagnes de l’Ida, où Priamos exposa autrefois le petit enfant Paris, enlevé à sa mère pour une mort funeste, et qui fut nommé Idaios dans la ville des Phryges ! Plût aux Dieux que jamais Priamos n’eût fait élever Paris, bouvier parmi les bœufs, auprès des sources limpides, là où sont les fontaines des Nymphes et la prairie verdoyante et fleurie où la rose et l’hyacinthe croissent pour être cueillies par les Déesses ! Là, autrefois, vinrent Pallas et la rusée Kypris, Hèra et Hermas, messager de Zeus ; Kypris orgueilleuse du désir qu’elle excite, Pallas de sa lance, et Hèra du lit royal du Roi Zeus, pour le combat de la beauté, jugement odieux qui apporte, à moi la mort, et la gloire aux Danaïdes ; ma mort, ô jeunes filles, qu’Artémis demande comme pré-