Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, I, 1884.djvu/605

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mices pour qu’on navigue vers Ilios ! Ô mère ! ô mère ! celui qui m’a engendrée, malheureuse, s’en est allé, me trahissant et m’abandonnant. Oh ! que je suis malheureuse d’avoir connu la cruelle et funeste Hélénè ! Je suis tuée, je péris par la mort impie qui m’est donnée par un père impie ! Plût aux Dieux qu’Aulis n’eût jamais reçu dans ce port les nefs aux éperons d’airain, la flotte qui doit mener à Troia ! Plût aux Dieux que Zeus n’eût pas soufflé des vents contraires dans l’Euripos, lui qui envoie tantôt l’un, tantôt l’autre aux hommes, afin que ceux-ci se réjouissent de leurs voiles pleines, et que ceux-là se plaignent, et que les uns sortent du port et déploient les voiles, et que d’autres y soient attardés ! Certes, la race des mortels est soumise à bien des misères, et il est fatal que quelque malheur assiège toujours les hommes. Hélas ! hélas ! La fille de Tyndaréôs apporte aux Danaïdes de grands désastres, de grandes douleurs !

LE CHŒUR.

J’ai compassion de la destinée lamentable qui t’est faite. Plût aux Dieux que tu ne l’eusses jamais subie !

IPHIGÉNÉIA.

Ô mère, qui m’as enfantée, je vois venir une foule d’hommes !

KLYTAIMNESTRA.

C’est l’enfant de la Déesse, ô fille, celui pour qui tu es venue.

IPHIGÉNÉIA.

Ouvrez les portes, servantes, afin que je me cache.