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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/152

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et le promontoire Kapharéien seront couverts des cadavres des morts ! Retourne dans l’Olympos, prends les traits de la foudre des mains de ton père, et attends que l’armée des Argiens ait coupé les câbles. Il est insensé celui des mortels qui dévaste les Villes, les temples, les sépulcres sacrés des morts, et en fait une solitude. Il périra bientôt lui-même.




HÉKABÈ.

Lève la tête de terre, malheureuse ! Dresse le cou ! Troia n’est plus, nous ne sommes plus les Rois de Troia. Supporte le Daimôn changé ! Suis le courant, navigue selon le Daimôn. Ne tourne point la proue de la vie contre le flot, puisque tu vas au gré de la destinée. Hélas ! hélas ! Comment ne gémirais-je pas, malheureuse ! moi dont la patrie, l’époux et les enfants ont péri ! Ô richesse magnifique des aieux, maintenant disparue, tu n’étais donc rien ! Que me faut-il taire ? Que faut-il ne pas taire ? Sur quoi faut-il me lamenter ? Malheureuse ! combien je souffre dans tous mes membres, le dos étendu sur cette dure couche ! Hélas ! ma tête, mes tempes, mes flancs ! Je me tourne sans cesse et me retourne sur le dos et sur chaque côté, en me lamentant misérablement ! Mais c’est une consolation pour les malheureux, que de pousser de lugubres gémissements.

Strophe I.

Ô proues rapides des nefs parties pour le saint Ilios, à l’aide des avirons, à travers la mer pourprée et les ports tranquilles de la Hellas, avec un Paian funeste, aux sons