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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/192

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aux rivages Phthiotiques les dépouilles laissées par le fils d’Akhilleus. Néoptolémos lui-même est parti sur une nef, ayant appris les malheurs arrivés à Pèleus, que le fils de Pélias, Akastos, a chassé de sa patrie. C’est pourquoi il est parti très promptement, bien que désirant retarder ; et, avec lui, Andromakhè qui m’a arraché beaucoup de larmes, tandis qu’elle gémissait de quitter sa patrie et qu’elle saluait le tombeau de Hektôr. Elle a obtenu de Néoptolémos la grâce d’ensevelir ce mort, fils de ton Hektôr, qui a rendu l’âme, jeté du haut des tours. Et il lui a été accordé que le bouclier d’airain, terreur des Akhaiens, que le père de cet enfant portait contre son flanc, ne serait point envoyé dans la demeure de Pèleus, là où la mère de ce petit mort doit connaître un autre hymen, car ce serait pour elle un spectacle amer ; mais qu’il servirait de sépulture à l’enfant, au lieu d’un cercueil de cèdre et d’un monument de pierre. Et je dois remettre ce cadavre entre tes mains, afin que tu le couvres de péplos et de couronnes, autant qu’il te sera possible, et que ta fortune présente te le permettra, puisque Andromakhè elle-même est partie, et que la hâte du Maître lui a ôté le pouvoir d’ensevelir son fils. Donc, lorsque tu auras paré le cadavre, nous amasserons la terre sur lui, et nous planterons une lance sur le tertre. Accomplis promptement ces ordres. Cependant, je t’ai déjà épargné un travail. En traversant le courant du Skamandros, j’ai baigné le cadavre et lavé ses plaies. Mais je vais lui creuser une fosse, afin que, notre commun travail, étant accompli, nous ramène sur les nefs vers nos demeures.