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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/283

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Ville. Une louange immodérée devient haïssable. Je me souviens d’avoir souffert moi-même d’être trop loué ; mais je veux te dire pourquoi il est nécessaire que tu sauves ceux-ci, puisque tu commandes à cette terre. Pittheus est le fils de Pélôps, Aithra est fille de Pittheus, et ton père Thèseus est né d’Aithra. Je te dirai de nouveau la race de ces enfants : Hèraklès était fils de Zeus et d’Alkmèna, et celle-ci est née de la fille de Pélôps. Ton père et le père de ces enfants étaient donc cousins. Ainsi donc, Dèmophôn, tu leur touches par l’origine. Mais, outre cette parenté, je te dirai ce que tu leur dois. Je dis donc qu’autrefois, étant porte-bouclier de leur père, j’ai été compagnon de Thèseus, dans la navigation faite à la recherche du Baudrier qui causa tant de morts ; et ce fut Hèraklès qui ramena ton père des gouffres noirs du Hadès ; et toute la Hellas en est témoin. En retour, ces enfants te demandent la grâce de n’être point livrés, ni arrachés violemment à tes Dieux, ni chassés de cette terre. Il serait honteux pour toi, et ce serait un opprobre pour ta Ville, que tes proches parents errassent suppliants et fussent livrés à cette violence. Hélas sur moi à cause de mes maux ! Regarde-les, regarde ! Mais je te conjure, je te touche du rameau suppliant ! Par tes mains, par ton menton ! ne repousse point de tes bras les fils de Hèraklès ! Sois leur parent, sois leur ami, leur père, leur frère, leur maître ! Car mieux vaut tout cela que de retomber au pouvoir des Argiens !

LE CHŒUR.

En écoutant cela, j’ai pitié de leur malheur, ô Roi ! La haute naissance est vaincue par la destinée. Je le vois