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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/284

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grandement à cette heure. Ceux-ci sont nés d’un père illustre, et ils sont malheureux injustement.

DÈMOPHÔN.

En ce malheur, Iolaos, trois raisons me décident à ne point repousser tes hôtes. La plus puissante est Zeus, à l’autel de qui tu te tiens, ayant sous l’aile cette troupe de poussins ; puis, notre parenté, et la vie heureuse que je leur dois depuis longtemps par reconnaissance pour leur père ; enfin, la honte, dont il faut par dessus tout s’inquiéter. Si je permets, en effet, qu’un étranger dépouille cet autel par la force, je paraîtrai ne plus habiter une terre libre, mais avoir livré des suppliants par crainte des Argiens ; et ceci ne serait pas loin du déshonneur. Plût aux Dieux que ton arrivée eût été plus heureuse ! Cependant, ne tremble pas ainsi et ne crains pas que quelqu’un t’arrache de cet autel, avec ces enfants. Mais toi, retourne à Argos, dis cela à Eurystheus ; et, en outre, que s’il accuse ces étrangers de quelque crime, justice lui sera faite ; mais jamais tu ne les emmèneras d’ici.

KOPREUS.

Même si cela est juste, et si je le prouve par la raison ?

DÈMOPHÔN.

Comment est-il juste d’entraîner de force des suppliants ?

KOPREUS.

Dans ce cas, la honte est pour moi seul, sans dommage pour toi.