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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/519

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de tous, et me repaitre de mes larmes sans nombre ! Ô très cher ! si tu peux entendre ma voix dans le Hadès des morts, c’est à toi que je parle, Hèraklès : Ton père et tes enfants vont mourir, et je péris aussi, moi qui, à cause de toi, étais autrefois nommée heureuse par les hommes ! Secours-nous, viens ! Que ton ombre m’apparaisse au moins ! À peine seras-tu venu, que cela suffira pour nous ; car, devant toi, ceux qui tuent tes enfants, seront des lâches !

AMPHITRYÔN.

Toi, femme, prépare tout, afin que nous allions dans le Hadès. Pour moi, ô Zeus ! je t’appelle en tendant mes mains vers l’Ouranos. Si tu veux secourir les enfants, accours ! car, avant peu, tu ne pourras plus rien. Je t’ai souvent appelé, mais en vain, et je vois qu’il nous faut mourir ! Ô vieillards, la vie est brève ; jouissez en donc et coulez-la doucement, et ne pleurez ni jour, ni nuit ! Le temps détruit l’espérance, et, son œuvre faite, il s’envole. Voyez moi ! J’étais admiré des hommes pour l’éclat de ma destinée, et cependant la fortune m’a tout enlevé, et en un jour, a tout emporté comme un oiseau dans l’air ! Je ne sais pour qui sont assurées la plus grande félicité et la gloire. Salut ! vous qui avez mon âge. Vous voyez aujourd’hui votre ami pour la dernière fois !




MÉGARA.

Ah ! vieillard ! ne vois-je pas ce qui m’est le plus cher ? Que faut-il dire ?