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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/659

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LE CHŒUR.

Dis ! Nous n’entendrions pas plus volontiers le son de la kithare asiatique que la nouvelle de la mort du Kyklôps !

ODYSSEUS.

Il veut aller se réjouir avec ses frères les Kyklopes, enivré qu’il est par cette liqueur de Bakkhos.

LE CHŒUR.

Je comprends. Tu songes à le tuer, l’ayant surpris seul dans les bois, ou à le précipiter du haut des rochers ?

ODYSSEUS.

Rien de tel. Mon dessein est d’user de ruse.

LE CHŒUR.

Comment donc ? Il y a longtemps que nous te savons habile.

ODYSSEUS.

Je veux le détourner de ce festin, en disant qu’il ne faut pas donner ce vin aux Kyklopes, mais mener joyeusement la vie, en gardant tout pour lui seul. Et, quand il dormira, dompté par Bakkhos, il y a là dedans un certain rameau d’olivier dont j’aiguiserai le bout avec l’épée, et que je mettrai au feu. Puis, quand je le verrai enflammé, je l’enfoncerai tout embrasé au milieu du front du Kyklôps, et je consumerai son œil en le brûlant par le feu. Et, comme un homme qui assemble la charpente d’une nef, remue sa tarière à l’aide de deux courroies, de même je