Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/660

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tournerai ce tison dans l’œil du Kyklôps, et je dessécherai sa prunelle.

LE CHŒUR.

Iô ! Je me réjouis ! Nous sommes fous de cette invention !

ODYSSEUS.

Puis, ayant mis toi, tes amis et le vieillard, dans la cavité de la noire nef, je vous emmènerai, à doubles avirons, loin de cette terre.

LE CHŒUR.

Peut-il se faire, comme dans une libation à un Dieu, que j’enfonce aussi le tison dans l’œil ? Je veux aussi le tuer pour ma part.

ODYSSEUS.

Certes, il le faut, car le tison est grand, et vous devrez le porter tous ensemble.

LE CHŒUR.

Je porterais le fardeau de cent chariots, si je pouvais par là écraser, comme un nid de guêpes, l’œil du Kyklôps funeste !

ODYSSEUS.

Maintenant, taisez-vous, car vous êtes au courant de la ruse, et quand je l’ordonnerai, obéissez à qui a ourdi la chose ; car je ne fuirai pas seul, en abandonnant mes chers compagnons qui sont là dedans. Certes, je pourrais fuir, étant sorti de l’antre profond ; mais il n’est pas juste, abandonnant mes amis avec qui je suis venu ici, de m’enfuir seul sain et sauf.