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Page:Euripide, trad. Leconte de Lisle, II, 1884.djvu/68

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IPHIGÉNÉIA.

Je le persuaderai, car je ne pourrais me cacher de lui.

ORESTÈS.

Et notre nef est bien pourvue de rameurs.

IPHIGÉNÉIA.

C’est à toi de t’inquiéter du reste, afin que tout marche bien.

ORESTÈS.

Il manque une chose encore : il faut que celles-ci soient discrètes. Exhorte-les, et sers-toi de paroles persuasives. Une femme a toujours la puissance d’émouvoir. Le reste, je pense, suivra pour le mieux.

IPHIGÉNÉIA.

Ô très chères femmes, je me fie en vous ! Toutes mes espérances sont en vous de qui dépend que je sois heureuse, ou que, dans ma ruine, je sois privée de ma patrie, de mon cher frère et de ma très chère sœur. Je vous dirai ceci avant tout : Nous sommes femmes, et notre sexe est renommé par une affection mutuelle et par une grande fidélité aux choses qui nous sont communes. Taisez-vous sur nous et venez en aide à notre fuite. C’est une chose excellente qu’une langue discrète. Voyez ! une même destinée réunit trois chères têtes : ou le retour dans la patrie, ou la mort. Toi, si je suis sauvée, tu le seras aussi, et je te ramènerai en sûreté dans la Hellas ! Et toi, je t’en supplie par ta droite ! Et toi, par tes chères