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Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/448

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dans la campagne, quelques fermes où nous ne pouvions espérer de rencontrer un gîte plus confortable que dans notre barque.

Notre dîner, comme on a pu le remarquer, n’avait pas été très-somptueux. Or, les circonstances se trouvant moins favorables qu’à midi, nous augurâmes que nous souperions encore plus mal. Nous ne fûmes nullement frustrés dans notre attente ; il n’y eut ni grande pyramide de riz, ni confitures de piment rouge, ni petites herbes salées. En partant de Song-tche-hien, l’équipage n’avait fait ses provisions que pour la journée. Sans doute on y avait été un peu largement ; le calcul n’avait pas été strict et rigoureux ; mais il était probable qu’on n’avait pas compté sur un aussi grand nombre de convives, on n’avait pas supposé que notre cuisine nous aurait fait défaut. Il devait donc y avoir à bord très-peu de comestibles ; inspection faite du sac à riz, on n’y trouva pas la quantité suffisante pour le repas de l’équipage qui, vu les peines et les fatigues qu’il venait d’endurer, était affamé.

Ces braves mariniers nous offrirent généreusement de partager avec nous ; mais il nous fut impossible d’accepter ; il nous semblait que ce riz, si nécessaire à ces pauvres gens, n’eût pu nous faire du bien. Nous étions donc résignés à aller nous coucher sans souper, lorsque maître Ting vint nous dire en secret qu’il y avait dans la cale une cargaison de citrouilles. Le patron, interrogé, déclara que le fait était vrai, que le sol de Song-tche-hien produisait d’énormes citrouilles, et qu’un de ses amis l’avait chargé d’en porter un certain nombre sur le marché de Kin-tcheou. Nous lui proposâmes de les