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Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 1.djvu/449

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acheter toutes. Le marché fut vite conclu, et la cargaison passa immédiatement de la cale à la cuisine ; on les mit bouillir par grosses tranches dans la grande marmite de l’équipage, puis on en fit une abondante distribution à tous les habitants de la jonque. Nous nous tirâmes donc encore assez bien de notre souper, en ayant soin toutefois d’ajouter à nos citrouilles bouillies une toute petite méditation sur la farine d’avoine.

La nuit se passa sans accident ; tout le monde dormit d’un profond sommeil, à l’exception d’un veilleur chargé de sonneries heures sur un tam-tam. Le lendemain, dès que le jour parut, l’équipage se mit à l’œuvre. Le vent était tombé en grande partie, et, ce qui valait encore mieux, il avait changé de direction. Nous fûmes toutefois longtemps avant de pouvoir nous mettre en route ; la jonque s’était tellement enfoncée dans le sable, que nous eûmes toutes les peines du monde à l’en dégager. Enfin nous rentrâmes dans le lit du fleuve Bleu ; nous doublâmes la pointe vent arrière, et nous voguâmes à toutes voiles vers le port de Kin-tcheou. Nous étions tous sur le pont pour goûter la fraîcheur du matin, jouir des charmes d’une rapide et paisible navigation, et contempler le riche panorama qui se déroulait sous nos yeux. Toutes ces figures qui, la veille, avaient été si tristes et si sombres, étaient maintenant fières et rayonnantes. Nos mandarins étaient pleinement rentrés en possession de la vie, dont ils semblaient avoir fait le sacrifice pendant qu’ils avaient le mal de mer. Maître