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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/13

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LA BANDE CADET

Quelqu’un lui comptait de l’argent sur le guéridon de la chambre à coucher, éclairé par la lampe de nuit qui pendait au plafond. Je ne me doutais pas encore qu’il y avait eu un meurtre dans la maison, et, pourtant, une angoisse horrible me tenait.

La personne qui comptait l’argent était dans l’ombre. Une voix enrouée appela je ne sais d’où : « Eh ! l’Amour ! » et la personne qui comptait l’argent releva la tête.

Je crus rêver : c’était le visage de ma tante Jaffret…

— Ah !… fit Georges, qui écoutait la poitrine serrée et retenant son souffle.

— Je faillis tomber à la renverse, reprit Clotilde, car en ce moment même j’apercevais ma tante Mathilde jetée en travers sur son propre lit et dont la tête pendait si bas que ses cheveux blancs balayaient le plancher. J’aurais voulu crier que je n’aurais pas pu. L’idée me venait que j’étais en proie au plus effrayant de tous les cauchemars.

Deux hommes entrèrent, en ce moment, par la porte du fond qui donnait sur la chambre de la cadette des demoiselles Fitz-Roy.

Ils portaient un autre corps qu’ils jetèrent au pied du lit.