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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/151

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Maintenant, ce n’est plus l’habitude parmi nos dames qui n’en sont pas moins charmantes pour cela.

Quand Lirette eut achevé de reconstruire sa prière, telle que papa Morand la lui avait apprise si laborieusement autrefois, elle battit des mains, mais elle avait les yeux pleins de larmes. Tous les pauvres souvenirs de son enfance lui emplissaient le cœur.

— Il me semble que je le vois encore, papa Morand, dans notre mansarde de la rue Marcadet, dit-elle, si maigre, si malade, tremblant de froid, exténué de besoin. Il m’aimait bien à sa manière, et c’est maintenant que je comprends comme je l’aimais bien, moi aussi. Quelques minutes avant de fermer les yeux pour toujours, il me disait encore : « Souviens-toi bien de ta leçon, fillette. Dans ce grand Paris je ne connais personne à qui je puisse te confier. Je te confie à toi-même. J’enfouis dans ta mémoire le secret qui te fera noble et riche. Attends tes quinze ans, à quinze ans on peut fuir et se défendre… Je ne veux pas qu’il en soit de toi comme de moi, Clotilde Stuart, moi, né dans un palais et qui finis dans un bouge, moi qui meurs de misère auprès d’un monceau d’or… »