Aller au contenu

Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est à peine si le choc de ses chaussures contre le pavé produisait un bruit appréciable.

Et tout en courant, car cela courait, cela se mit à chantonner en chevrotant et en toussotant la musique du Fra Diavolo de M. Auber :

Voyez sur cette roche
Ce brave à l’œil fier et hardi !
Son mousquet est auprès de lui,
C’est son meilleur ami…

Il y eut sur le mot « ami » une roulade pleine à la fois de crânerie et de décrépitude. La forme humaine passait sous un réverbère.

Elle se redressa.

La lumière glissa sur son visage en lame de couteau, pauvre ivoire jauni, coiffé sur l’oreille, à la crâne, d’un bonnet de soie noire.

Dirai-je que c’était un vieillard ? La langue n’a pas d’autre mot, mais ici le mot reste absolument au-dessous de l’idée.

Entre le propriétaire de cet étrange visage et un vieillard, il y avait la même différence qu’entre le robuste jeune homme et l’enfant emmailloté dans ses langes.