Aller au contenu

Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Figurez-vous deux yeux creux brillant au milieu d’un paquet d’ossements qui remuaient et se choquaient sous l’enveloppe d’un parchemin racorni.

Et c’était tout guilleret, cette vieille chose.

Au coin de la première voie qui traverse la rue Fontaine, un coupé de maître stationnait avec ses deux lanternes d’argent poli.

Le cocher descendit précipitamment de son siège, dès qu’il aperçut notre fantôme, et ouvrit la portière. Le fantôme alla droit à lui, affectant de se carrer sous sa douillette.

— Ah ! ah ! Giovan-Battista, dit-il en grossissant le filet tremblotant de sa voix, tu as reconnu ton maître, hé ? je n’ai pas changé. Moi, je te trouve un peu vieilli depuis le temps. Je vous enterrerai tous, mes pauvres enfants, tous, tous, ah ! mais oui ! tous !

Il mit le poing sur la hanche.

— Quel âge as-tu, Battista ? reprit-il ; moi, je cours sur cent trente, et je n’ai pas encore renoncé à plaire, quoiqu’on me fasse un enterrement de première classe de temps en temps. Dans cinquante ans d’ici, les vers t’auront mangé, Battista, et tu vois que je t’accorde une belle vieillesse. Regarde-moi !