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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/251

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— C’est cette nuit seulement que j’ai eu le douloureux secret d’Albert, repartit Angèle. Auparavant, je m’en doutais, mais cette nuit, il m’a dit : « C’est aujourd’hui le contrat, n’est-ce pas ? Je sens qu’ils sont là-bas à signer ma mort. » Et il a ajouté : « Quand je suis entré dans la chambre de Georges, ce soir, j’avais sur moi un couteau… »

— Oh ! fit Georges avec horreur.

Angèle se couvrit le visage à deux mains.

— J’ai eu tort de dire cela, balbutia-t-elle ; c’était pour lui, le couteau… je le crois, j’en suis sûre !

— Pauvre, pauvre frère ! s’écria Georges, dont les larmes jaillirent. Vous avez eu raison de parler, madame : cela me permet de sonder jusqu’au fond sa torture… et, au lieu de me frapper, il a été bon pour moi, affectueux, tendre comme toujours.

Il regarda tout à coup Mme de Clare en face.

— Je donnerais ma vie pour moins que cela, dit-il presque gaiement.

Puis, voyant l’effroi qui naissait dans les yeux de sa mère :

— Non, non, reprit-il, c’est mal parler. Je n’ai pas voulu vous causer un chagrin…