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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/255

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Georges alla vers son frère, la main tendue.

— Reste où tu es, lui dit Albert durement ne t’approche pas de moi.

Puis il reprit :

— J’ai été bon, je ne le suis plus, je souffre trop. Pourquoi ferais-je encore semblant d’aimer ceux que je hais et par qui je meurs !

Après avoir cherché péniblement son haleine, Albert reprit :

— Pardon, ma mère, si je vous cause un chagrin, mais il faut que je vous parle !

Il se tourna vers Georges et fixa sur lui son regard farouche en disant :

— Toi, monsieur le duc, tu as le beau rôle, ici comme partout, ici comme toujours. J’ai cru un instant qu’on me donnait ce titre pour détourner sur moi certains dangers qui te menaçaient… je ne sais pas lesquels… Tout est louche et ambigu dans cette maison, où j’ai été si malheureux en rendant notre mère si misérable.

— Toi ! mon enfant chéri ! s’écria Angèle.

— Oui, vous m’avez aimé profondément, Madame, ah ! vous m’avez bien trop aimé, et vous allez me dire que j’étais votre bonheur… alors