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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/258

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te récompense, mon fils et mon sauveur ! Achève bien ce que tu as si bien commencé.

Elle lui donna un baiser, un bon baiser qui était encore pour Albert.

Georges sourit.

Il y a des gens (il n’y en a pas beaucoup) qui se dévouent si naturellement et d’un élan si spontané qu’il leur arrive d’englober parfois dans leurs largesses une part du bien d’autrui. Sans cet excès, le monde les regarderait volontiers comme des imbéciles ; avec cet excès, ils sont dangereux.

Georges n’était pas encore arrivé au bout de l’avenue conduisant à la rue Pigalle que déjà la pensée de Clotilde rentrait de force dans son cœur.

Tant qu’il était resté sous le charme de sa mère, dont la volonté le pénétrait comme une fascination, il n’avait vu que sa propre souffrance à lui, et il était si bien habitué à se donner tout entier à sa mère !

Mais Clotilde !

Ce fut un cri dans sa conscience.

Ce franc sourire d’enfant, si gai, si tendre, le sourire de celle qui avait consolé autrefois ses jours de malheur, passa tout à coup devant ses yeux.