Aller au contenu

Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et leurs regards qui s’attiraient se plongèrent l’un en l’autre.

Georges n’osait parler. Lirette disait comme en rêve :

— Je suis née ce jour-là. Je m’en souviens, de ce jour, comme s’il était tout seul dans mon passé. Petite que j’étais, je vous aimais comme je vous aime à présent et comme je vous aimerai toujours. Quand on nous sépara, mon cœur s’en alla avec vous. Ce qui restait de moi vous cherchait. Pour moi ; vivre, c’était cela : penser à vous…

— Moi, balbutia Georges, je ne peux pas t’aimer ! Oh ! non, ce serait lâche d’être si heureux, si heureux !… Pense donc ! puisque je vais dire à Clotilde : « Tu es condamnée ! » il faut au moins que j’ajoute : « Je serai condamné comme toi ! »

— C’est moi qui suis Clotilde, dit pour la seconde fois Lirette.

Et elle ajouta :

— C’est moi qui vous aime !

Puis sans lui laisser le temps de répondre, elle reprit :

— Je vous voyais grand dans ces choses de l’enfance. Notre rencontre au cimetière était pour moi