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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/267

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Il dit, comme si toutes ces choses ne devaient pas être de l’hébreu pour la jeune fille.

— J’ai promis de céder Clotilde à mon frère Albert qui se meurt, mais je lui avais promis à elle aussi de l’aimer et je ne profiterai pas de son malheur. Je vivrai, je mourrai seul, je le jure.

L’hébreu ? Elles le comprennent. Les pleurs de Lirette souriaient.

— Si vous ne voulez pas de moi, répondit-elle, moi aussi, je vivrai, je mourrai seule, car pour moi, sur la terre, il n’y a que vous. Je vivrai en vous, je mourrai pour vous.

Il écoutait, vibrant dans tout son être. C’était l’amour enchanté des contes du premier âge.

Quand il voulut fuir, il n’était plus temps. Elle avait dit :

— Moi aussi, je l’aime… Quand elle était au-dessus de moi, elle a été bonne pour moi, je veux bien être sa sœur. Si elle est condamnée à souffrir, pourquoi ne serions-nous pas deux à la consoler vous et moi ?

Georges se laissa aller sur le divan. Sa tête tournait comme dans l’ivresse.

Lirette se mit sur un tabouret à ses pieds.