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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/276

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Elle se leva ; elle sortit de la maison roulante sans même regarder autour d’elle. Il y avait du monde maintenant sur la place, et la population de la foire remarqua cette fille pâle qui marchait droit et posément comme si elle eût été sûre de son chemin.

Son chemin ?

Avait-elle un chemin ?

On dit qu’à ces heures funestes le choix du hasard est presque toujours une malédiction.

Elle prit le premier chemin venu.

C’est une longue route que celle qui mène à la Seine en suivant tout droit l’avenue de Clichy, puis le chemin de Saint-Ouen. Clotilde, dans des circonstances ordinaires, aurait eu de la peine peut-être à la parcourir à pied.

Aujourd’hui, elle alla, portant sa fièvre, elle alla, marchant avec peine et lenteur, mais ne s’arrêtant jamais.

Elle alla pendant des heures et des heures.

Elle ne voyait rien de ce qui était sur la route. Son découragement l’entourait comme un mur de ténèbres.

À une grande lieue de la place Clichy, devant la grille de ce château où le roi Louis XVIII philo-