Aller au contenu

Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ma cousine, et délicat. On m’a choisie pour porter la parole, parce que les femmes, entre elles, ne reculent devant aucune vérité, si dure qu’elle soit ; mais voilà pourtant que j’hésite.

Elle s’arrêta, en effet, et sembla se recueillir.

La duchesse attendait, le cœur serré par une indicible terreur.

— Madame, reprit Marguerite, qui devenait grave malgré elle, vous nous avez trompés, ou du moins, nous soupçonnons que vous avez voulu nous tromper. Vous avez deux fils. Lequel est le préféré, nous l’ignorons. Soit que vous ayez lancé le bâtard pour servir d’égide à son frère légitime… on dit cela parmi vos propres serviteurs… Soit que vous ayez voulu, au contraire, profitant de la nuit qui entoure le passé des deux jeunes gens, donner au fils naturel les droits du jeune duc…

— Je vous jure, madame… interrompit Angèle.

Mais Marguerite l’interrompit à son tour et dit avec une sorte de solennité :

— J’ai pitié de vous, ne vous engagez pas, vous pourriez amèrement regretter vos paroles. Je vous préviens, et c’est un service cela, que