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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/302

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vous allez avoir à faire un choix entre vos deux enfants : un choix… mortel !

La poitrine de la duchesse rendit un grand gémissement.

— Nous ne sommes pas seulement des voleurs comme je vous l’ai dit, reprit Marguerite, nous sommes des assassins. La maison de Clare, dont nous portons toutes les deux le nom, est cruellement payée pour le savoir. L’homme qui vient de vous nommer sa filleule, et qui en a le droit, est ici pour tuer un de vos fils.

Angèle, les yeux horriblement ouverts, les mains crispées sur les bras de son fauteuil, écoutait comme on fait un épouvantable rêve.

Elle ne croyait pas.

Et pourtant, il fallait croire, car le visage de Marguerite se contractait, tiraillé par un tic douloureux.

Marguerite avait trop présumé de la dureté de son cœur, Marguerite elle-même !

L’horrible et cynique franchise qu’elle s’était imposée l’épouvantait.

Elle était à la torture, et sans l’énormité de l’enjeu, qui était au bout de la partie engagée, peut-être eût-elle reculé…