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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/311

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Angèle bondit sur ses pieds. Tout son sang rougit son visage.

Elle se rua sur Marguerite qui la reçut de pied ferme. Un instant leurs deux visages terribles et superbes se touchèrent presque. Leurs yeux se brûlaient.

Vous eussiez dit deux tigresses qui vont s’entre-dévorer.

— C’est moi qui vais te tuer ! râla Angèle, j’ai la force, je le sais ; j’en suis sûre, j’ai la rage… Ah ! prends garde !

Au lieu de reculer, Marguerite avança la tête.

Leurs bouches se touchaient presque, comme pour un baiser. Et Marguerite dit avec un rire convulsif :

— Folle ! tu parles de tes enfants ! oh ! folle ! folle ! moi, je me bats pour quatre-vingts millions !

Elle se dégagea d’un seul effort, irrésistible et froid comme l’or lui-même, et gagna la porte.

Sur le seuil elle se retourna pour ajouter :

— Ici, dans un quart d’heure, celui qui doit mourir ! Je le veux, il le faut ! Sinon, ils mourront tous les deux !

Angèle se laissa tomber comme une morte.