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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/328

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Mais ce charme exquis de la délicieuse duchesse, qui eût conjuré peut-être le courroux d’un homme, ici, ne servait à rien.

Entre femmes, on ne se tient pas compte de cela, au contraire, et le regard de cette farouche enfant de dix-huit ans ne trahissait assurément aucune pitié.

— Ce n’est pas ma faute si j’ai entendu, dit-elle, je suis entrée au hasard dans la chambre où vous couchez, là-bas, à l’autre bout de la galerie. J’ai perdu le souvenir de beaucoup de choses, et la tête me fait mal quand j’y veux penser ; mais il y a d’autres choses où je vois très clair…

— Et pourquoi me haïssez-vous, pauvre enfant ? demanda Angèle.

— Je ne veux pas être interrogée, répliqua Clotilde durement ; laissez-moi dire. J’étais bien lasse, j’avais fait beaucoup de chemin… Ah ! la triste route ! et je me laissais aller à dormir. Était-ce un sommeil ? tout se mourait en moi. Vous étiez dans la chambre voisine avec la comtesse Marguerite de Clare, que je connais bien et qui est une méchante femme comme vous. Et je suis devenue méchante, moi aussi, peut-être, car il me plaisait d’écouter vos sanglots. Mar-