séparée de vous par une mince cloison, quand la comtesse Marguerite vous a quittée. Votre première pensée (votre vraie pensée, celle qui est à vous) a été de livrer Georges, le duc de Clare, à la place de cet Albert, le fils de votre faute. Osez me regarder en face et me dire : « Vous mentez ! »
Angèle baissa les yeux, tandis que sa poitrine rendait un gémissement.
— C’est un autre que vous, poursuivit Clotilde, un autre qui vous a dit : « Il faut que le fils de votre mari soit sauvé, je le veux ! »
Angèle garda le silence.
— Alors, continua encore Clotilde, cœur d’esclave, âme vile, tyran de ceux qui sont agenouillés, mais prosternée devant tout maître qui ordonne, vous avez répondu :
— Le fils du duc de Clare vivra.
Et cette idée du sacrifice vous est venue sur le tard, à la dernière heure. Vous n’êtes pas digne de ce rôle, madame ; ce rôle est à moi, je le prends, je le garde !
Elle écarta Angèle d’un geste puissant, mais tranquille, et dépouillant sa robe, elle mit la main sur les vêtements d’homme.