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Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome II.djvu/345

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Au-delà, il avait trouvé une petite cour isolée où il n’y avait rien, sinon une pompe-fontaine, emmaillotée de paille pour en préserver l’eau contre la rigueur de la saison.

C’était précisément là que le Manchot se rendait.

La fatigue et le froid avaient exaspéré sa fièvre ; la bise cuisait comme un feu les chairs dénudées de sa misérable figure ; la plaie, de son côté, le mordait cruellement, et ses yeux sanglants le poignaient comme si on y eût retourné deux couteaux. Il était faible, son souffle haletait.

Il avait grand-peine à se tenir sur ses jambes chancelantes.

Mais il allait.

Mais il traînait son haquet animé bravement et joyeusement. Il lui parlait, il avait envie de le caresser.

— Fais pas semblant d’être morte, Adèle, lui disait-il d’un ton sincèrement amical. C’est des bêtises. Tu sais bien qu’on n’a pas fini de rire ensemble. Après ça, j’aime autant que tu n’as pas momentanément la jouissance de tes facultés, parce que tu crierais comme un geai, et ceux de la préfecture