Aller au contenu

Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/348

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
LE BOSSU.

Il se tourna vers la princesse et ajouta :

— On vous a dit cela, n’est-ce pas, madame ?

Aurore de Caylus, sans lever les yeux et sans bouger, laissa tomber ces mots :

— On me l’a dit.

— Voyez !… s’écria Gonzague en s’adressant au conseil.

Puis, se tournant de nouveau vers sa femme :

— On vous a dit aussi, pauvre mère : Si vous cherchez en vain, si vos efforts sont restés si longtemps inutiles, c’est que sa main est là, — dans l’ombre, — sa main qui donne le change à vos recherches, qui égare vos poursuites… sa main perfide…, n’est-il pas vrai, madame, qu’on vous a dit cela ?

— On me l’a dit ; repartit encore la princesse.

— Voyez ! voyez ! mes juges et mes pairs ! fit Gonzague ; — et ne vous a-t-on pas dit quelque chose encore, madame ?… Cette main qui agit dans l’ombre… cette main perfide… la main de votre mari… ne vous a-t-on pas dit que peut-être l’enfant n’était plus… qu’il y avait des hommes assez infâmes pour tuer un enfant… et que peut-être… je n’achève pas, madame, mais on vous a dit cela !

Aurore de Caylus, pâle autant qu’une morte, répondit pour la troisième fois.