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Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/349

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LE BOSSU.

— On me l’a dit.

— Et vous avez cru, madame ? interrogea le prince, dont l’indignation altérait la voix.

— Je l’ai cru, repartit froidement la princesse.

De toutes les parties de la salle s’élevèrent à ce mot des réclamations.

— Vous vous perdez, madame, dit tout bas le cardinal à l’oreille de la princesse ; — à quelque conclusion que puisse arriver M. de Gonzague, vous êtes sûre d’être condamnée.

Elle avait repris son immobilité silencieuse.

Le président de Lamoignon ouvrait la bouche pour lui adresser quelques remontrances, lorsque Gonzague l’arrêta d’un geste respectueux.

— Laissez, M. le président, je vous en prie, dit-il, — laissez, messieurs… je me suis imposé sur cette terre un devoir pénible ; je le remplis de mon mieux ; Dieu me tiendra compte de mes efforts… S’il faut vous dire la vérité tout entière, cette convocation solennelle avait pour but principal de forcer madame la princesse à m’écouter une fois en sa vie… Depuis dix-huit ans que nous sommes époux, je n’avais pu encore obtenir cette faveur… je voulais parvenir jusqu’à elle, moi, l’exilé du premier jour des noces, je voulais me montrer tel que je suis, à elle qui ne me connaît pas… j’ai réussi : grâces vous en