Aller au contenu

Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sormais que de solder la créance de mon ancien patron, je garderais cet argent et tout serait dit… mais vous m’avez offert, d’un commun accord, une part dans votre association, et je prends désormais un intérêt singulier à la prospérité de la maison de Geldberg… En conséquence, je ne me paie pas ; j’attends… Cette somme sera intégralement consacrée aux besoins actuels de la maison, dont je me constitue le caissier unique à dater d’aujourd’hui.

L’embarras des trois associés augmentait à vue d’œil ; ils auraient donné beaucoup pour pouvoir se concerter, ne fût-ce qu’un instant ; mais la chose était impossible.

— Je ne saisis pas bien le fil de tout ceci, murmura Van-Praët, mais je gagerais tout ce qu’on voudrait que nos coquins ne sont pas mieux traités que nous !

— C’est un homme étrange ! pensa tout haut Sara : son but m’échappe !… car est-ce bien pour de l’or qu’il a noué cette prodigieuse intrigue ?…

Rodach se leva sans se mettre en peine d’attendre la réponse des trois associés ; il avait parlé ; son vouloir était la loi…

Comme il saluait pour se retirer, Sara poussa le bras de Van-Praët, qui ne voulut pas le laisser partir sans tenter un dernier effort.

— Monsieur le baron, dit-il en mettant de côté cette fois son éternel sourire, d’après les paroles qui viennent d’être prononcées, nous devons penser que vous assumez sur vous toute la responsabilité des faits dont nous avons à nous plaindre ?

— Entièrement, Monsieur, répondit Rodach.

— De sorte que, reprit le Hollandais, si nous avons à nous adresser à la justice…

La lèvre de Rodach se plissa imperceptiblement.

— Avant d’en venir là, meinherr Van-Praët, interrompit-il, prenez, croyez-moi, les conseils de ces Messieurs, et même, si vous y avez plus de créance, contentez-vous de l’avis de Madame, qui vous détournera, j’en suis certain, d’un duel judiciaire engagé contre moi.

— Mon droit est évident…

— Je ne discute pas… mais faites-vous expliquer par M. de Reinhold,