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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/134

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qui a la parole facile, ce que contient la cassette dont je parlais tout à l’heure…

— Vous abusez cruellement de vos avantages, Monsieur ! dit à son tour Sara.

— Belle dame, répliqua Rodach en se penchant vers elle, n’est-ce point encore être généreux que de se taire ?… ce que je sais vaut plus de cent mille écus !

Il se redressa, tandis que Sara, au contraire, baissait la tête et se reculait involontairement.

En se reculant, elle arriva jusqu’auprès du Madgyar immobile, qui semblait muet et sourd.

— D’ailleurs, poursuivit le baron en s’adressant à elle et à Van-Praët, ce ne sont point des pertes définitives que vous faites… est-ce donc un si grand malheur, pour vous. Madame, que de soutenir la maison de votre père ?… pour vous, meinherr Van-Praët… que de venir en aide à de vieux amis ?…

— Je sais entendre la raillerie, Monsieur le baron, répliqua tristement le Hollandais ; mais ici la raillerie est l’appoint d’une si grosse somme !…

— Je ne raille jamais, meinherr Van-Praët… vous êtes dans la même situation que moi… vous êtes créancier comme moi… quand je serai payé, vous serez payé.

— Et ce moment arrivera ?…

— Sous peu, je vous l’affirme !… je laisse à ces Messieurs, mes nouveaux associés, le soin de vous expliquer nos chances magnifiques et le plaisir de vous inviter à notre fête du château de Gcldberg… Le filet est plein ; il nous reste à le retirer… Il nous reste encore à nous défaire d’un ennemi, qui est le vôtre…

— Le mien ?

— J’achève… et ne pouvant préciser mieux, je vous réponds que vous serez payé, ainsi que tous les créanciers de Geldberg, après la mort du Fils du Diable…

Van-Praët tressaillit à ce mot. En le pronoticant, le regard de Rodach était tombé, involontairement ou à dessein, sur madame de Laurens.