Aller au contenu

Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Denise, toute seule, n’aurait pas pu s’installer au chevet de Franz ; mais ce rôle de garde-malade allait à la fille de la maison, et il était naturel qu’elle se fît assister par sa meilleure amie.

Ce furent trois jours charmants. Franz se faisait plus malade qu’il ne l’était, afin de prolonger ces douces heures qu’il passait entre les deux belles jeunes filles.

Comme il eût été amoureux de Lia, s’il n’avait pas aimé Denise.

Ils causaient, sa gaieté vive animait l’entretien, le présent était beau, l’avenir plein de promesses ; dans tout ce château, empli de pensées de fête, il n’y avait pas un recoin qui fût si joyeux que cette chambre de blessé.

Toute chose a un terme, et les meilleures sont, hélas ! celles qui durent le moins. La vicomtesse d’Audemer, avertie peut-être par le chevalier de Reinhold, qui voyait dans le jeune Franz un rival de plus en plus redoutable, mit fin assez brusquement à ces longues et bonnes visites.

Denise ne désobéissait jamais à sa mère. Dans cette extrémité, Lia fut encore la Providence des deux amants.

La chambre qu’elle occupait au château de Geldberg était séparée de celle de Franz par un mur épais ; mais leurs fenêtres, voisines, donnaient sur cette pelouse où nous avons vu récemment la foule assemblée pour assister au feu d’artifice.

C’étaient les derrières du château. Les passants étaient rares dans cette campagne inhabitée. Tout le mouvement d’allée et de venue des invités se faisait du côté de la porte principale.

Franz se mettait à sa fenêtre ; Denise s’accoudait à celle de Lia ; ils pouvaient se parler encore.

La chambre habitée par Franz était une grande pièce aux ornements gothiques, donnant d’un côté sur la campagne et de l’autre ayant vue sur la cour d’entrée et la porte principale du château.

Il couchait dans un grand lit de bois noir à galerie sculptée et dont les quatre pieds, contournés bizarrement, s’appuyaient sur une estrade.

La cheminée large et haute avançait son manteau jusque dans sa chambre.

De place en place, au centre des panneaux de la boiserie sombre, on