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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/304

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Il s’arrêta un instant auprès du seuil.

— Mille excuses pour mon retard, belle dame et chers messieurs, dit-il, j’espère que vous me pardonnerez, car je n’ai pas absolument perdu mon temps.

— Que parliez-vous du contenu de la cassette ? demandèrent à la fois Van-Praët et Mira.

— J’ai parlé du contenu de la cassette ?… prononça négligemment le chevalier, ma foi ! c’est bien possible.

— Sauriez-vous ?… commença madame de Laurens.

— Belle dame, interrompit Reinhold, un instant de répit, je vous prie !… si vous saviez tout ce que j’ai fait ce matin, vous auriez pitié de moi !…

Il tira de sa poche un mouchoir de batiste pour s’éventer avec toute la grâce nonchalante d’une jolie femme.

— Mais vous disiez ?… insista Van-Praët.

— Mon excellent ami, je vous demande grâce !… je disais que le brave Yanos peut se battre désormais en toute sûreté de conscience avec ce triple coquin de Rodach.

Il se sourit à lui-même et ajouta complaisamment : Je pense que triple est le mot…

Il se détermina enfin à traverser la chambre d’un pas de danseur et 8’approcha du foyer.

— Par grâce. Monsieur, dit Sara, expliquez-vous !

Le Madgyar avait dressé l’oreille et interrogeait Reinhold d’un œil avide.

— Pas avant de vous avoir présenté mes hommages, belle dame, répliqua ce dernier en dessinant un merveilleux salut ; veuillez me donner des nouvelles de votre chère santé ?

Sara fronça le sourcil avec impatience, le sourire de Reinhold n’en devint que plus joyeux.

— Bonjour, meinherr Van-Praët, reprit-il ; comment vous portez-vous, seigneur Georgyi ?… cela va bien, docteur ?

Il inséra l’index et le pouce dans la boîte d’or ouverte de Mira et fit mine de prendre une prise de tabac, afin d’avoir occasion de secouer ensuite son jabot, avec l’impertinence traditionnelle des acteurs qui représentent les gens de cour.