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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/415

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— Fameux ! s’écria Pitois ; les murs sont en pierre de taille, ça ferait son trou et puis voilà !

— Le fait est, appuya Mâlou, qu’on les fumerait là-haut sans beaucoup de dégâts !

— Et vous sentirez-vous de force ?… commença madame Laurens.

— Allons donc ! interrompirent à la fois les deux voleurs, comme si ce doute les eût gravement offensés.

Puis Bonnet-Vert ajouta :

— Nous avons fait un peu les incendies dans l’Ouest, avant les glorieuses… Blaireau a la main pour ces choses-là, ma petite dame.

Pitois se rengorgea.

— Mais, faut qu’on paie, dit-il.

— Vous aurez le double de ce qu’on vous a promis pour tout le voyage, répliqua Petite.

— Alors ça va ! s’écria Mâlou qui défit le lit en un tour de main et jeta la paillasse au milieu de la chambre.

— Voilà le combustible nécessaire ! ajouta-t-il ; est-ce tout, ma petite dame ?

— Non, répondit Sara. Quand vous aurez mis le feu, vous refermerez la porte et vous vous tiendrez dans l’escalier avec vos fusils tout armés… Si quelqu’un sort de la chambre au-dessus…

— Nous le descendrons, interrompit Mâlou.

Sara fit un signe affirmatif,

— Et vous aurez soin, reprit-elle, de crier au voleur de toutes vos forces.

Les deux habitués des Fils-Aymon éclatèrent de rire en même temps.

— Comme ça, dirent-ils, on croira que les coquins d’en haut ont mis le feu !… C’est joliment imaginé, tout de même, ma petite dame, pour une jeune personne qui n’en fait pas son état !

— Allons, Blaireau, mon fils, à la pâte.

La toile de la paillasse fut déchirée du haut en bas et son contenu s’éleva en monceau à côté du lit. Sara redescendit l’escalier de la tour. Dans le corridor, elle retrouva les associés de Geldberg ; Réinhold, Mira et Van-Praët avaient pris des épées.