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Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 3-4.djvu/720

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XI
LE SOUTERRAIN


Tant que Hervé Gastel fut couché sur la petite plate-forme du roc, il crut entendre ces chants désordonnés et ces cris d’orgie dont nous avons parlé au chapitre précédent, mais il eut beau tendre l’oreille, il ne put saisir aucune plainte venant de la base du rocher.

Il se releva, et aussitôt l’écho lointain des chants de l’orgie cessa de se faire entendre.

Il crut avoir rêvé.

Puis, pour l’acquit de sa conscience, il tourna encore autour de la plate-forme, tâtant partout la pierre avec la pointe de son couteau de chasse.

— Il faut pourtant que je le retrouve ! murmura-t-il. — Peut-être n’est-il pas mort sur le coup et a-t-il besoin d’un peu d’aide pour vivre, ou d’une prière pour mourir.

Il descendit avec précaution le sentier qu’il venait de gravir l’instant d’auparavant, repassa devant la porte silencieuse de la métairie de Marlet, fit le tour du rocher et s’arrêta entre la Vanvre et la base du roc, juste au-dessous de l’endroit où l’étranger avait disparu.

C’était là que son corps avait dû tomber. — Il n’avait pu tomber que là.

Hervé, penché sur le sol, tâtonnait et cherchait, — Il ne trouvait rien.

Impossible que le corps eût pu rouler jusqu’à la Vanvre, éloignée d’une quinzaine de pas.

Qu’était devenu ce cadavre, qu’on ne trouvait ni en bas ni en haut ?

Hervé songea involontairement aux superstitions qui avaient bercé son enfance. La fièvre entra dans son cerveau ; il crut entendre encore ces lointains chants de fête…

Les démons se réjouissaient-ils de la mort d’un homme ?

Les laveuses de nuit, cachées dans les hautes herbes de la rivière, chantaient-elles autour d’un cadavre ?

Hervé Gastel eut voulu fuir, et il ne le pouvait pas ; des formes bizarres pas-